Quatre étudiants de 5e année ont illustré un magazine de l’école de journalisme de Grenoble publié à l’occasion des Rencontres annuelles des lanceurs d’alerte, du 10 au 12 novembre à Paris. Mis dans les conditions de dessinateurs de presse, ils ont fourni en deux semaines les illustrations de quatre dossiers, le dessin de Une, ainsi qu’une BD adaptée d’une interview de la journaliste d’investigation Ariane Lavrilleux.
Début octobre, l’EJdG a fait contribuer quatre Cohliens de 5e année édition : Nathan Dachelet-Dallaporta, Zacharie Defossez, Antoine Ganzhorn et Mael Martial. Mobilisés sur la base du volontariat, tous les quatre avaient été formés l’année précédente au dessin de presse par François Olislaeger (Libération, Les Inrockuptibles, Beaux Arts magazine, Charlie Hebdo, Le 1 hebdo…).
Lors d’une présentation des deux écoles par visioconférence, François a renouvelé ses conseils avant que chaque étudiant n’aborde son dossier. Pour lui, « le dessinateur de presse est l’illustrateur de sa propre opinion. On peut penser par le dessin autant que par le texte. Vous devez donner au lecteur l’envie de découvrir le sujet : il faut que votre dessin soit compréhensible au premier coup d’œil, indépendamment du texte ». Pour cela, a-t-il ajouté, « vous passerez plus de temps à réfléchir au sens à donner au dessin qu’à la réalisation graphique ». Quant à la technique à retenir, celle-ci dépendra surtout du délai dont l’artiste dispose.
Le temps accordé aux Cohliens a été de deux semaines. Ils ont étudié les synopsis des dossiers avant de se lancer dans des essais graphiques, tandis qu’à Grenoble les étudiants de l’EJdG étaient plongés dans l’écriture de leurs papiers. La distribution des sujets a été rapide : Nathan a choisi de s’intéresser à la toxicité des protections périodiques, Mael aux dégâts des préparatifs des Jeux olympiques en France, Zacharie aux arnaques de la compensation carbone, tandis qu’Antoine s’est attelé aux « MLM » (pour « multi level marketing »), ces modèles de vente pyramidaux qui exploitent la naïveté et la vulnérabilité des gens, bernés par des montages de finance personnelle ou embrigadés dans les dérives sectaires.
A la mi-octobre, chaque étudiant avait fourni des croquis préparatoires et un aperçu de son style, à travers son portfolio. Le CRHI en a été lui aussi destinataire, pour veiller à la lisibilité des images. Par mail, les étudiants grenoblois ont fait des retours sur les propositions, indiquant quels dessins ils préféraient retenir ou écarter, conserver ou affiner. Leurs deux professeurs responsables du suivi de projet éditorial, Ariane Denoyel, journaliste, et Emmanuel Marty, maître de conférence en sciences de l’information et de la communication, avaient fait le choix de laisser libres les Cohliens, pour ne s’attacher qu’aux seules contraintes de production et de mise en page. De sorte que Marion Boucharlat, graphiste et illustratrice intervenant à l’EJdG, a pu intégrer au fil de l’eau les images dans la maquette du magazine.
Chemin faisant, les étudiants de l’EJdG ont aussi proposé à nos illustrateurs de leur apporter un dessin pour la Une. Puis d’adapter sur deux pages, en BD, quelques moments de l’interview que venait de leur accorder Ariane Lavrilleux, journaliste d’investigation inquiétée en septembre dernier pour avoir divulgué dans Disclose les ressorts d’une opération française de renseignement militaire en Egypte qui a entraîné le ciblage de civils, entre 2016 et 2018.
Fin octobre, l’EJdG donnait son feu vert pour l’impression de Qui-vive et sa diffusion aux rencontres des lanceurs d’alerte, organisées à la Maison des sciences de l’homme Paris Nord, à Saint-Denis. Le magazine passera dans les mains des nombreux intervenants annoncés pour cet événement, dont certains ont apporté une contribution médiatique importante ou bien pris le risque d’utiliser l’alerte pour mieux faire fonctionner la démocratie. Citons Francis Chateauraynaud, sociologue, directeur d’études à l’EHESS, inventeur de la notion de « lanceur d’alerte », les écrivains Daniel Pennac et Erri De Luca, la pneumologue Irène Frachon, les journalistes Morgan Large et Inès Leraud, l’ex-auditeur chez PricewaterhouseCoopers Antoine Deltour, ou encore la sociologue Monique Pinçon-Charlot.
(*) : L’école de journalisme de Grenoble (EJdG) est l’une des 14 écoles françaises reconnues par la Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes (CPNEJ). Elle délivre le double diplôme de master en journalisme de l’Université Grenoble Alpes et le diplôme de Sciences Po Grenoble, mention journalisme.
Qui-vive #3
Magazine édité par l’EJdG en partenariat avec l’École Émile Cohl
Diffusion : 500 exemplaires distribués aux 8e Rencontres annuelles des lanceurs d’alerte, du 10 au 12 novembre 2023 à la Maison des sciences de l’homme Paris Nord, à Saint-Denis.
https://lanceurs-alerte.fr/
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