Il est le co-réalisateur et superviseur des effets spéciaux (VFX) de Blood Machines, une mini-série préparée depuis deux ans avec Raphaël Hernandez, son éternel partenaire depuis ses études d’art. Leur duo, baptisé Seth Ickerman, livrera au printemps trois épisodes de 15 minutes qui revisitent les codes de l’esthétique SF des années 80, sur une musique de l’artiste électro Carpenter Brut. Entre clip et film de genre.
C’est l’histoire de deux passionnés de fantastique et de SF qui se sont promis d’en faire ensemble dès leurs années d’études, au début des années 2000, et qui travaillent aujourd’hui sous le pseudo commun de Seth Ickerman : Savitri Joly-Gonfard (promotion 2004) et Raphaël Hernandez sont co-réalisateurs de films musicaux pétris de références aux années 80, pour lesquels ils touchent à tout, du scénario jusqu’à la post-production. Leur prochain projet, Blood Machines, est attendu au tournant. Voici deux ans qu’ils préparent cette suite du clip Turbo Killer (plus de 6 millions de vues sur Youtube) pour l’artiste électro Carpenter Brut, dans la même veine Métal Hurlant.
Blood Machines est aussi marqué par l’univers de Blade Runner. Le sujet : deux chasseurs de l’espace traquent une machine qui s’est émancipée du contrôle des humains. Ils l’abattent et voient s’extraire de la carcasse le spectre d’une jeune femme, qui s’envole. Les deux chasseurs se lancent à sa poursuite à travers la galaxie. Leur récit est construit à la manière des clips de Mickaël Jackson (Bad, Thriller…), dans lesquels l’intrigue compte moins que la recherche de mise en valeur d’une esthétique visuelle et musicale.
Raphaël Hernandez (à g.) et Savitri Joly-Gonfard (à d.) forment Seth Ickerman
Courant 2016, ils lèvent 185.000 euros dans une campagne de financement participatif, dont l’audience leur permet de gagner l’appui d’un producteur indépendant, Logical Pictures, qui les aide à doubler ce montant. Leur meilleur budget jusqu’ici, mais toutefois bien modeste compte tenu des effets spéciaux à produire. Ils lancent un site de promotion du film pour poursuivre leur campagne d’appel aux dons et soutenir leur démarche.
Le tournage a lieu à l’automne 2017, sur près d’un mois, avec 6 acteurs. Comme le marché français est peu ouvert à la SF et aux formats de 45 minutes, tels qu’ils l’imaginaient, Logical Pictures pousse le projet à l’international. C’est vers les Etats-Unis que les deux réalisateurs portent aujourd’hui leurs attentes : « Nous avons passé un accord avec une plateforme de diffusion américaine pour lui livrer, au printemps, une mini-série de trois épisodes de 15 minutes », explique Savitri Joly-Gonfard.
Blood Machine
L’étape de post-production bat son plein. Savitri la pilote et en réalise l’essentiel lui même, avec les contributions extérieures de graphistes et d’artistes 3D de studios de VFX parisiens qui l’hébergent pour finaliser le film. Il a fait notamment appel à un autre ancien Cohlien, Stéphane Stradella, superviseur d’effets visuels indépendant.
Savitri Joly-Gonfard aura pris en charge le montage, la modélisation 3D et la mise en lumière du film. Pourtant il se décrit comme un autodidacte des effets spéciaux : « A l’école, je n’étais pas particulièrement doué en dessin : j’y avais été accepté surtout en raison des petits films d’animation de pâte à modeler que j’avais ajoutés à mon dossier artistique. Mais je bidouillais déjà beaucoup sur After effects, que je n’ai jamais lâché depuis. La découverte de ce logiciel de retouche et de traitement de l’image pour l’animation a été décisive. C’est elle qui a déterminé mon goût pour la 3D et les effets spéciaux ». Savitri garde secrète, pour le moment, la date de lancement de sa série. Il espère la voir en lice dans les prochains grands festivals, dès septembre 2019.