« Adapter un roman d’Amélie Nothomb a longtemps été un rêve intouchable »

Publié le 7 juin 2024

Venue de Montréal où elle mène de front une carrière de manager artistique en jeu vidéo et d’autrice-illustratrice, l’ancienne Cohlienne dédicace à Lyon BD festival son dernier album adapté d’un roman d’Amélie Nothomb publié en 2012, Barbe Bleue. Interview.

Comment vous est venu le projet de transposer en BD un roman d’Amélie Nothomb ?
Le désir d’une adaptation d’Amélie Nothomb, dont j’ai toujours été lectrice, a longtemps été pour moi un rêve intouchable. Jusqu’à ce que je découvre Barbe Bleue : en refermant son livre, j’ai tout de suite pensé qu’une adaptation en bande dessinée pourrait être incroyable. Dans son roman, Amelie Nothomb joue avec le cercle chromatique, la couleur est un élément déterminant de l’histoire. Cela justifiait parfaitement mon désir de coucher les scènes sur papier.
La construction du storyboard m’est venue naturellement. Tout en le dessinant, je me disais : peut-être le présenterai-je un jour à son éditeur ? Apprenant qu’Albin Michel venait d’ouvrir un département BD, je n’ai pas hésité à demander l’autorisation d’en faire l’adaptation. Ses interlocuteurs lui ont demandé si elle serait d’accord. J’avais déjà fait part à Amelie Nothomb de mon envie de porter l’un de ses romans en BD. Suite à la demande d’Albin Michel, elle a accepté de nous faire confiance dans ce projet. Avec Barbe Bleue, les planètes étaient alignées.

 

L’écrivaine a-t-elle coécrit l’album avec vous ?
Non, elle m’a donné carte blanche. De même qu’elle n’interfère jamais dans les films tirés de ses œuvres, j’ai eu moi aussi la liberté de retrancher, de retoucher ou d’ajouter des détails. C’est une chance. Car il me semblait impossible, par exemple, de reprendre telle quelle la densité de ses dialogues. J’ai fait également certains choix personnels. J’ai notamment gommé la dimension religieuse du personnage de Barbe Bleue pour me concentrer sur son caractère onirique et son attachement à la couleur.
Voulant m’assurer que tout lui conviendrait, mon éditeur lui a montré les planches montées en noir et blanc, ainsi que quelques-unes mises en couleur. Durant les trois années qu’a pris ce projet (en comptant l’écriture du scénario), je n’ai rencontré aucun obstacle, mis à part l’immense challenge que représentait cette adaptation, et m’assurer de faire honneur aux contes dont elle était tirée.

 

Avez-vous cherché à faire évoluer votre dessin pour cet album ?
Je ne me sens pas attachée à un style qu’il s’agirait de reproduire. Avec l’expérience de travailler aussi bien dans le secteur de l’édition que celui du jeu vidéo, je pense qu’on a tout intérêt à tendre vers quelque chose de plus naturel. Quand j’aborde un nouveau livre, je cherche avant tout à traduire l’ambiance la plus appropriée pour mon projet.

 

« La colocataire est la femme idéale ! » Ainsi parle Don Elemirio, grand d’Espagne et ermite, en son immense appartement du 7e arrondissement de Paris. Comme dans le fameux conte de Perrault, les règles de la colocation sont simples : seule une pièce est interdite, la chambre noire. Or Saturnine Puissant doit justement trouver à se loger. Autonome, cultivée, brillante, l’héroïne ne sait que penser du richissime original. Mais surtout, que sont devenues ses huit colocataires précédentes ? Auraient-elles transgressé l’interdit ? Saturnine devra éviter les pièges et manipuler le manipulateur.

Feuilleter un extrait de l’album sur le site d’Albin Michel.